Discours de remise de ma Légion d’Honneur
Chers tous et
toutes qui avez accepté de partager avec moi ce moment très particulier de
remise de ma médaille de la Légion d’Honneur.
Moment très
particulier dans la mesure où, jamais au cours de la soixantaine d’années
écoulées, je n’ai imaginé, espéré, ni même rêvé qu’une telle chose m’arriverait.
Beaucoup, en me félicitant,
m’ont dit : Tu dois être fière ! Ce n’est pourtant pas ce sentiment
qui prévaut dans la mesure où j’estime que cette distinction revient plus à mes
parents, qu’à moi-même. À mon père, Abraham Popowski, qui avait quitté la Pologne
pour la Belgique en 1929. À ma mère, Asna
Berezowski, arrivée de son shteitl polonais à Paris en 1937. Enfants, tous deux
ont vécu ce que des enfants peuvent vivre de pire : la guerre, les
persécutions, la peur. Puis, après la Shoah, adolescents, Ils ont dû se
reconstruire sur les cendres d’un monde englouti. Et c’est ce qu’ils ont fait.
Ils se sont retroussé les manches et mis au boulot.
Au décès de ma
maman, j’ai découvert dans ses papiers que je suis née « apatride ».
Du statut
d’apatride, donc, à celui de Décorée de la Légion d’Honneur, il n’y a pas eu
qu’un seul pas à franchir… mais je leur dois d’y être arrivée. Ils en auraient
été si fiers !
Quand petite je
lisais mes premiers poèmes sur la Shoah à mon père, il me disait que je
deviendrais Victor Hugo… Ce qui n’est pas tout à fait vrai… En cela, il me rappelle la mère de Roman Gary qui voulait que son fils devienne écrivain français.
Je suis devenue
écrivain par accident, au sens littéral du terme… Mais pour mon plus grand bonheur. Cela fait
plus de 20 ans, maintenant, qu’est sorti chez Casterman mon premier roman, Un
grand père tombé du ciel, au terme des trois années difficiles qui ont suivi
mon accident. Un mal pour un bien, pourrait-on dire.
Car depuis la
publication de ce premier opus et jusqu’à aujourd’hui, je vis une formidable
aventure dont cette légion d’honneur, proposée par Monsieur Jean-Michel Blanquer,
Ministre de l’Education Nationale, restera l’un des points d’orgue.
Tout cela
n’aurait pu advenir sans la participation, l’aide ou le soutien de nombre
d’entre vous.
J’ai
effectivement tenu à inviter tous ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une
autre à ma réussite et sans lesquels cette fête n’aurait pas été la même.
Pour commencer,
je tiens à adresser mes plus vifs remerciements à Monsieur André Kaspi qui a
accepté de me faire l’honneur de me
remettre ma décoration.. Monsieur le maire, Sylvain Berrios Et la municipalité de Saint -Maur, qui ont aimablement mis ce
lieu à ma disposition. Je remercie également de sa présence monsieur Louis
Marchis, président du comité saint-maurien de la Légion d‘honneur.
Je remercie,
bien sûr, mes filles, Galith et Ilanith, témoins directs de mes premiers pas en
écriture pour la jeunesse.
Mon mari Marc, qui me supporte au quotidien, Ã
tous les sens du terme, depuis si longtemps. Ce n’est pas facile de partager la
vie de quelqu’un qui écrit dix heures par jour. Déjà il a fallu qu’il prenne en
charge toute l’intendance et la logistique, et notamment la cuisine, car sinon,
il n’aurait pas eu grand-chose à se mettre sous la dent.
Ensuite, je
tiens à remercier mes cinq merveilleux petits-enfants, Noa ma plus grande fan,
Rafaël, Liath, Romy et Ethel qui, les uns après les autres, sont venus apporter
un sens décuplé à ma vie.
Je remercie
aussi mon oncle Maurice Berezowski, frère aîné de ma maman et ma tante
Jeannette d’avoir fait le déplacement.
Je remercie de
tout cœur, Marie Lalouët, ma toute première éditrice. Je revois encore comme si
c’était hier notre première rencontre sous le chapiteau à Montreuil, puis notre
rendez-vous dans les bureaux parisiens de Casterman… là où tout a commencé.
Puis il y a eu
Brigitte Ventrillon, chez Casterman, toujours, et nos nombreuses années de
travail et d’amitié.
Je tiens
également à remercier mes éditrices de chez Syros. La regrettée Françoise Matteu,
bien sûr, puis Sandrine et Stephanie, équipe de chic et de choc qui me suivent
et m’ont toujours apporté aide et soutien.
Le chemin de ma
vie d’auteur a été traversé de rencontres fabuleuses, que je n’aurais jamais pu
faire par ailleurs.
A commencer par celle
avec l’inénarrable Susie Morgenstern, qui
ne pouvait malheureusement pas être des nôtres, mais qui, depuis le jour où je
l’ai rencontrée « en vrai », juste après la publication de mon
premier roman, est non seulement ma marraine mais un modèle, un guide et une
amie « prodigieuse ».
Rachel bien sûr,
mon amie de plume et de cœur, ma première co-autrice, ma complice, ma presque
sœur avec laquelle j’ai partagé tant de rires, de fous rires, de larmes, d’émotion
et d’aventures aussi cocasses que rocambolesques.
Matthieu, mon
autre co-auteur, rencontré de la manière la plus improbable, la plus ouf qui soit,
comme disent les jeunes. Je me dois d’ailleurs ici de remercier aussi son
épouse Géraldine qui, ces dernières semaines, supporte nos gloussements
téléphoniques, nos échanges jusqu’à point d’heure, et nos délires.
J’ai également
croisé sur mon chemin des jeunes femmes extraordinaires comme Carole Trebor et
Samantha Bailly grâce auxquelles j’ai commencé à lire mes contrats et ai osé demander
½ pour-cent de droits d’auteur de plus à mes chères éditrices.
D’autres précieuses
amitiés sont nées également : Elisabeth Brami, Sophie Dieuaide, Marie
Roussel, Lise Gutman, Yaël Scemama, Julie Goislard, la formidable librairie,
Matthieu Delunsh, Nathalie Zylberman,
Marianne Barcillon, et tant d’autres…
Enfin je
remercie de leur présence qui me touche énormément tous ceux que je n’ai pas
nommément cités, les membres de ma famille, cousins, cousines, mes gendres, les
amis de longue date et puis ceux du Bnei Brith, bien sûr.
La suite en images…