Mes vies
Première vie
Je suis née à Paris dans les années cinquante du siècle dernier. Mais ce n’est qu’en 1984 que je m’y installe définitivement, après de longues années passées en Israël, et que j’y poursuis alors une carrière, déjà bien entamée, dans le tourisme. Mais en 1994 tout bascule.
Deuxième vie
Après un accident de voiture qui m’immobilise durant de longs mois, je réalise qu’il va me falloir tuer le temps avant qu’il ne me tue et surtout que la vie est trop courte pour remettre à demain ce que l’on a envie de faire le jour même. Il me faudra tout de même deux ans, un concours de Littérature pour la jeunesse, et une rencontre avec une éditrice pour que le conte de fées, auxquelles pourtant je ne crois guère, se mue en réalité.
Vingt-sept ans plus tard…
Plus d’une centaine de livres publiés, romans, albums, docs, BD. Des adaptations BD et théâtre, plus d’un million de livres vendus, une Légion d’Honneur, de nombreux Prix, et je poursuis mon petit bonhomme de chemin, doucement, gentiment, presque discrètement, dirais-je. Avec de grands bonheurs mais aussi des déceptions, des désillusions, une douce amertume. Aucun des projecteurs « institutionnels, médias spécialisés, ou autres organismes qui ont la haute main sur la littérature de jeunesse n’ayant jamais daigné se pencher sur mon travail, se frayer d’un article, d’une mise en lumière, j’ai creusé seule ma route, à force de rencontres à un rythme effréné et de travail acharné. Je dois d’être encore dans ce métier essentiellement à ce que l’on appelle les prescripteurs : documentalistes, professeurs de lettres, blogueuses et blogueurs enthousiastes envers lesquels va toute ma gratitude et à quelques éditrices et éditeurs qui me font confiance. Et sans oublier mes chers lecteurs et lectrices, jeunes et moins jeunes, sans qui je ne serais rien.
J’ai eu à affronter quelques tempêtes également, des visées malveillantes, des atteintes sournoises, des courriers infâmes, de la haine gratuite, de l’antisémitisme…
On ne peut certes pas plaire à tout le monde mais peu d’auteurs jeunesse ont eu, comme moi, à essuyer de telles inimitiés.
Mais j’y aurai également fait les plus belles rencontres, noué les plus solides amitiés, connu les plus grands fous rires et émotions.
Et c’est cela que je retiendrai.
Et c’est en cela que la littérature jeunesse est grande
Et c’est pour cela que je poursuivrai cette route pour mon plus grand bonheur… Et le vôtre, j’espère.